Philippe Gaudon, invité du Spatiobus

La mission du Spatiobus est de sensibiliser et diffuser la culture spatiale à travers des animations et des soutiens techniques aux projets de jeunes. Il s’agit également d’informer et d’inciter les jeunes à tourner leur regard vers les emplois scientifiques et techniques, ce qui passe nécessairement par le développement d’une culture, d’un éveil, d’une connaissance des métiers, des emplois et des formations en lien avec l’aéronautique et le spatial.

Pour aller en ce sens, le Spatiobus a sélectionné quelques questions posées par des centaines de jeunes (écoles, collèges, lycées…) et invite d’anciens ou actuels professionnels à y répondre.

Un grand merci à tous ceux et celles qui acceptent de participer et soutiennent cette démarche !

Philippe GAUDON,  chef de projet Rosetta au Cnes et co-manager de Philae

Philippe GAUDON, chef de projet Rosetta au Cnes et co-manager de Philae

1/ Quel est ou a été votre métier et quelles sont les principales activités associées ?

 

Je suis chef de projet Rosetta au Cnes et co-manager de Philae, mais la majeure partie de mon activité a consisté à s’occuper d’un centre qu’on avait créé et opéré depuis Toulouse : le SONC. Celui-ci a permis tout au long de la vie agitée de Philae de préparer les opérations scientifiques, faire le choix du site d’atterrissage, calculer les trajectoires de descente, récupérer et traiter les données scientifiques, voir si Philae fonctionnait correctement ou non. Puis le rechercher sur le sol de Chury et tenter de communiquer avec le robot.

 

2/ Quel a été votre parcours d’études ?

 

J’ai personnellement un parcours atypique : je m’étais destiné à devenir astronome et j’ai fait un doctorat d’astrophysique. Puis je suis devenu Ingénieur en développement informatique (dans le spatial), ingénieur système et chef de projet. Pour rentrer au Cnes ou chez un industriel du spatial, le mieux est de faire une école d’ingénieur. Pour travailler sur les expériences scientifiques conçues dans les laboratoires, il faut faire l’université scientifique. Si on veut travailler directement sur la construction des satellites et sondes, on peut faire un BTS ou un IUT en mécanique, électrique, informatique, …

 

3/ Quelles sont les qualités personnelles qu’il faut avoir pour faire ce métier ?

 

Pour faire le métier d’ingénieur, il faut du travail (pas mal d’heures, mais on ne les voit pas passer quand on est passionné), de la rigueur (se tromper le moins possible), organisé soit-même et avec les autres (car les contacts avec différentes équipes sont nombreux). Parler anglais est aussi indispensable car on travaille souvent au moins au niveau européen.

 

4/ Qu’est-ce qui vous motive dans votre travail ?

 

C’est la découverte qui me passionne depuis tout petit. On a tout à découvrir sur la Terre (on découvre tous les jours de nouvelles espèces et on commence juste à voir comment certaines sont très intelligentes ou douées), dans l’histoire  (je voulais aussi faire archéologue) et dans l’espace. Pour le moment, on ne connaît que le voisinage de la Terre, et encore !

 

5/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler dans le domaine spatial ?

 

Je suis tombé tout petit sur des images de Vénus et sur les russes qui venaient d’y poser une sonde : c’était les premières images de la surface, et il n’y en a plus eu depuis. C’était aussi le moment où les américains atterrissaient sur la Lune … Je viens aussi d’une région où on peut voir la beauté du ciel la nuit, voir les étoiles filantes, …, et on s’interroge dès qu’on regarde le ciel.

 

6/ Quel meilleur souvenir de la conquête spatiale avez-vous ?

 

J’ai eu la chance d’être au cœur de l’atterrissage de Philae sur la comète Chury. Ca va rester, c’est sûr, le grand moment de ma vie. Sinon, ce qu’on fait les USA avec le programme Apollo, c’était incroyable avec les moyens de l’époque. On serait capable de faire mieux, même en Europe en ce moment, mais il faut beaucoup d’argent et on ne l’a pas !

 

7/ Quel serait votre rêve lié à l’espace ?

 

J’avais un rêve, c’était d’y aller moi-même. Car voir la Terre de très haut, c’est vraiment magnifique. Mais je savais dès le départ que j’aurais des difficultés : mauvaise vue, performance physique moyenne, il aurait fallu piloter un avion, parler russe, …

 

8/ Que conseilleriez-vous aux jeunes désirant travailler dans le domaine spatial ou plus largement dans les sciences et techniques ?

 

Il faut s’informer beaucoup (lire, voir des reportages : il y en a plein sur la 5 et Arte, sur internet, les jeux vidéos, …) et se passionner dans un domaine. Quand on sait où l’on veut aller, on est guidé dans ses études. Et même si on n’arrive pas à 100% à faire ce qu’on a décidé au début, on travaillera dans un domaine proche et avec de la patience (projet de long terme) et de l’imagination, on trouvera sa voie. Exemple : se passionner pour la mer, les animaux, le sport, l’écologie, la construction des gratte-ciels et les ponts les plus grands, les bateaux, les avions, …

 

La comète Churyumov-Gerasimenko prise en image par la sonde Rosetta

La comète Churyumov-Gerasimenko prise en image par la sonde Rosetta

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